mercredi 8 août 2007

L'opposition casual/hardcore gamer, justifiée ou pas?

Bonjour tout le monde,

voilà un sujet qui devient de plus en plus récurrent sur les forums, et plus particulièrement quand on se met à parler de wii et de ds.

Alors naivement je m'interroge donc sur cette "opposition", de quoi est elle née, à qui profite elle....


On a donc tendance à opposer les "vrais" joueurs, qui jouent à la 360 et la ps3, et les "nouveaux", qui joueraient à des non jeux sur la wii, console représentant naturellement une régression de 10 ans.



A t'on déjà rencontré dans l'histoire des jeux vidéos une telle différentiation de public entre des machines concurrentes, avec un tel mépris mutuel?
Les "vieux" joueurs que nous sommes, ont ils crachés sur les gens qui achetaient en 1995 un playstation pour jouer à Toshinden alors que nous nous jouions à Street fighter II qui était diablement plus technique et interessant?

Comment peut on espérer l'ouverture d'un média à un public, et donc son acceptation dans la société (préférable à la diabolisation dont il a toujours été victime), et rejeter en même temps toute tentative de séduction dudit nouveau public.

Objectivement parlant, il est difficile d'initier quelqu'un au jeu vidéo avec un fps moderne, c'est beaucoup trop compliqué, il y a trop d'éléments à gérer et le découragement sera très certainement le sentiment prédominant chez la personne.

J'ai 25 ans, j'ai commencé les jeux vidéos à 6 ans avec Super Mario Bros sur nes, il y avait 2 boutons (un pour sauter et un pour courir plus vite), donc mes parents, qui n'avaient jamais touchés à un jeu vidéo, ont tout de même pu m'expliquer comment il fallait jouer (même si c'était assez maladroit ).

Aujourd'hui, à supposer que des parents puissent offrir à un gosse de 6 ans une 360 ou une ps3, et y trouver un jeu auquel puisse jouer un gosse de 6 ans (donc pas gear of war, ni the darkness)... Allez, on va dire ridge racer
Bref le père va passer une 4-5 menus (on suppose toujours qu'il ne connait rien au jeu vidéo),aller par erreur sur le dashboard, pour finir au bout de 30 minutes à expliquer à son fils comment jouer (pour ensuite être appelé toutes les 10 minutes parce que le fiston n'aura pas compris le système de déplacement dans une carte).


Autre scénario, le papa offre à son rejeton une wii, et joue au tennis avec lui toute la soirée.

Alors naturellement, les joueurs que nous sommes ont naturellement tendance à regarder avec élitisme les jeux et joueurs de wii, sous prétexte que "c'est pas profond" ou "c'est une regression dans le gameplay", mais qui nous dit que ces joueurs là, ayant ainsi amadoué le jeu vidéo, ne se mettent pas plus tard à jouer à tout?

Pourquoi condamner une porte d'entrée sous prétexte qu'elle ne convient pas à ceux qui sont prochent de la sortie?

Voilà, j'ai conscience que ce sujet est diffus, et j'aimerai sincèrement que le débat en dérape pas

2 commentaires:

Complayment d'Objet Direct a dit…

Salut Dante2002.

Jusqu'à la 6 ème génération:
Chaque joueur aujourd'hui semble vouloir que son jeu vidéo soit considéré comme une oeuvre d'art, puisqu' en accédant au statut d'oeuvre artistique, il se libère du jugement au 1er degré, des mauvais procès (socialement épuisants) et tout son contenu est alors ré-interpreté:
- la violence est perçue comme symbole, non comme déclencheur
- l'infantilisation n'accompagne plus la pratique de jeux mignons
- autres tares

Deux courants, selon moi, travaillent à cette promotion. Un premier mouvement ancien, puis l'autre dans un tout autre sens:

- par l'art purement vidéoludique, c'est-à-dire l'art du gameplay, du level-design, de l'interface intuitive, de masquer la linéarité, de l'IA etc...L'essence.
Et pour ça, il faut une base de données préalable pour établir la comparaison et apprécier. Il ne peut être appréhendé que par ceux qui jouent, qui ont l'expérience du jeu.

- par le 7ème art, c'est-à-dire l'art des effets, de la belle 3d réaliste, du rationnalisme, de l'hyper réalisme etc..et ne plus faire du jeu vidéo, seulement, de l'art pour lui-même mais parce qu'il ressemble au cinéma (égalitarisme par la technique et par la "Nouvelle Vague"). A ce niveau là, vivre suffit pour comprendre.



Du Norman Rockwell (peintre naturaliste) est plus saisissant qu'un immondice exposé en galerie d'art, pour un oeil non exercé (grand public). Inutile de tergiverser, l'art purement vidéoludique provoque le même effet.
Dans la même idée, le jeu vidéo reste une industrie et court vers le plus grand nombre et l'arrivée de la puissance intéressante de l'ère Playstation et ses soeurs, a permis de produire Norman Rockwell en série.
A l'époque, la critique spécialisée (défenseur de l'art purement vidéoludique) dans un biz à la Lorenzaccio, s'est sentie des affinités avec le choix des industriels, en considérant que plus tard, de l'adoption par le grand public de l'art purement vidéoludique découlerait la production industrielle. La presse décide donc dans un premier temps de très bien communiquer sur le jeu vidéo sous sa forme d'art 3d/réel et la présente presque comme celle qui ne devrait qu' être.
D'où le syllogisme:

public=art 3d/réel=jeu=art VL donc PUBLIC=ART VL,
avec art VL signifiant art purement vidéoludique.

les industriel permettant la transition
"art 3d/réel"-->"jeu" (sachant que le grand public aime naturellement l'art 3d/réel), avec la bénédiction de la presse spécialisée.
Puis cette dernière, le public éduqué, en quelques traits de stylo à plume:
"jeu"--->"art VL" et les industriels suivent dans ce sens.


Malgré le temps, le grand public, venu de cette manière, défend selon moi encore l'idée du jeu vidéo comme un art 3d/réel, d'abord.
Le conflit réside alors entre les signataires du Pacte (PUBLIC=ART VL).
Ceux qui laisseront au jeu vidéo le temps d'accéder au rang d'art pour ce qu'il sera, et les autres.
Les premiers pensent que le monstre (grand public+gamers), repu, se posera la question de son évolution. On restera éternellement à l'art 3d/réel? Peut-être, peut-être pas. Ils prennent leur mal en patience et pour ceux là, celui qui joue est un joueur, point à la ligne
(transition de "jeu"--->"art ???").
Les autres disent qu'il forceront la digestion, il est temps de le faire, les "vrais" jeux disparaissent
(transition de "jeu"--->"art VL ou purement vidéoludique").

ça c'était pour la génération précédente (à laquelle nous appartenons grosso modo).

La 7ème génération, telle qu'elle se profile:
C'est qui suit maintenant pour le jeu vidéo comme art 3d/réel, c'est qu'il est admiré, si on regarde de loin, par ses ex-pourfendeurs, qui admirent tout aussi bien la technique côté joueur (gameplay & interfaces poussés, évolution d'anciennes séries) car il a besoin de doses plus fortes, que la technique du développeur (vertex shading, pixel texturé 3.02, qualité du moteur physique etc...) dans un jeu bien étrange où une communauté oppressée (celle des gamers) se cherche un sauveur parmi le créateur de jeu "à l'ancienne", qui est un joueur qui se sacrifie au système pour tenter ou bien, de sauver le joueur du système ou parvenir à faire en sorte que ce dernier l'accepte.

De l'autre, là où la Wii a un succès intéressant, c'est que l'utilisateur, quel que soit son passif, se pose la question:
"Est-ce que le gameplay est bon?", puisqu'il le ressent intuitivement.
La question de l'art purement vidéoludique est centrale sur cette console.
Mais elle touche visiblement le grand public, et là où l'accès est difficile pour le joueur expérimenté (gamer) c'est que c'est une régression volontaire dans l'enfance à laquelle il a du échapper très tôt très vite (un gamer travaille soit très tôt n'importe où, soit plus tard dans l'informatique, ce qui était une manière de se couvrir).


Tant que s'établit l'inversion (PUBLIC=ART VL & GAMER=ART 3d/Réel), nous sommes dans un paradoxe qui alimente ce débat à l'infini, même avec les esprits les plus honnêtes puisqu'il n'y a plus objectivement aucune assise à aucun arguement.

Complayment d'Objet Direct a dit…

Ma version sous
http://www.push-start.com/bb/viewtopic.php?pid=23358#p23358
est plus actuelle puisque soumise aux réeditions.